Co-construire des trajectoires d’adaptation
Adapter les littoraux au changement climatique, c’est repenser les manières d’habiter ces territoires avec (et non plus contre) la mer. Il ne s’agit pas uniquement de gestion des risques ou de déplacement d’activités mais bien de projets de territoire inscrits dans la durée et tenant compte des dynamiques d’évolution du littoral. De tels projets combinent de manière concertée des actions de protection temporaire, des opérations de relocalisation en passant par un accompagnement des processus naturels. Pour accroître à long terme leur résilience face aux aléas, les territoires doivent ainsi définir des trajectoires d’adaptation comprenant des options hiérarchisées spatialement et temporairement permettant de jongler également avec les incertitudes du dérèglement climatique et de ses effets.
Ces trajectoires doivent se construire dans une logique d’intérêt général, en concertation avec la population et les acteurs du territoire. Afin d’être efficaces et de produire des résultats significatifs, les actions pensées doivent être séquencées et mises en œuvre à l’échelle des territoires et à différentes échelles de temps. Le choix d’une alternative plutôt qu’une autre repose sur la prise en compte des enjeux et des analyses coûts/bénéfices et multi-critères.
Les deux positions, défense et repli stratégique, peuvent être compatibles puisqu’elles peuvent correspondre à deux échelles temporelles différentes : protéger aujourd’hui et préparer des relocalisations pour demain. Elles peuvent aussi se combiner dans l’espace en utilisant les milieux naturels comme interface entre la mer et les zones à fort enjeux, protégées par des ouvrages.
1- Envisager et discuter tous les modes de gestion (lutte active dure, lutte active souple, recomposition spatiale, accompagnement des processus naturels) et leur combinaison spatiale et temporelle (lutte active le temps de la mise en œuvre d’un repli) dans des scénarios composites
2- Éviter autant que possible la lutte active dure qui tend à fixer le trait de côte pour des raisons écologiques et de coûts
3- Différencier les choix de gestion en fonction des enjeux humains et économiques (densité de l’implantation des activités et des biens)
4- Envisager la suppression, le déplacement ou la relocalisation des enjeux des zones à risque dans les conditions suivantes :
- aléa fort ou très fort
- enjeu déplaçable, enjeu ponctuel, présence simple d’habitations isolées ou dispersées (secteurs à très faible densité)
- mise en danger d’enjeux patrimoniaux ou environnementaux par des aménagements de lutte active
5- Initier dès à présent les conditions d’une adaptation, d’une suppression ou d’une relocalisation des enjeux des zones à risques à moyen et long termes
6- Agir pour maintenir la biodiversité et les fonctionnalités des espaces naturels
7- Limiter voire minimiser le coût global de gestion du littoral pour la société et intégrer toutes les conséquences sociales, écologiques et économiques, négatives et positives, des scénarios d’adaptation.
La définition de ces trajectoires s’accompagne par ailleurs de plusieurs conditions :
- Un cadre de gouvernance pour des prises de décisions partagées et concertées
- Une amélioration continue des connaissances
- Une sensibilisation aux risques littoraux et un accompagnement au changement notamment en faisant davantage prendre conscience de l’ampleur des risques futurs et de l’importance de les anticiper dès maintenant
- Une surveillance et une prévision de l’aléa (suivis et modélisation prévisionnelle)
- Un système d’alerte et de gestion des crises
- Une traduction des trajectoires dans les documents d’urbanisme.