Présentation de l’observatoire du trait de côte

Le Département est un acteur engagé depuis plus de 30 ans pour le suivi de l’évolution des plages et du trait de côte manchois. Il s’agit d’un dispositif exceptionnel à l’échelle nationale, de par sa finesse, sa fréquence, sa longévité, et donc l’historique de données disponible qui permet d’analyser finement les tendances d’évolution du littoral à une échelle de temps relativement longue.

Historique du suivi départemental

L’érosion du trait de côte observée après une période particulièrement tempétueuse dans le milieu des années 80 a incité les autorités du Département de la Manche à initier une surveillance des changements topographiques le long des secteurs de côtes basses sableuses du département.

Dès 1991, le Département de la Manche a mis en place un partenariat avec l’Université de Caen-Normandie qui a perdurer jusqu’en 2021, afin de suivre l’évolution des plages et du trait de côte manchois et ainsi apprécier les zones sensibles à l’érosion, mais aussi étudier la circulation des sédiments sur nos côtes.

Ce suivi départemental, qui concerne l’ensemble des côtes de la baie des Veys à la baie du Mont-Saint-Michel, a débuté :

  • en 1991 sur la côte ouest du Cotentin entre le cap de Carteret et le bec d’Andaine
  • en 1996 sur la côte Est, Nord-Est et Nord Cotentin d’Utah-beach à Urville-Nacqueville
  • en 1997 sur la côte Nord-Ouest du Cotentin entre le cap de Carteret et Vauville

L’observatoire départemental du trait de côte manchois est probablement le plus ancien de France, avec plus de 30 années de données sur une grande partie linéaire côtier sableux du département de la Manche. Il possède également la plus grande résolution temporelle avec en moyenne deux relevés par an et même trois sur les deux premières décennies.

Les bornes de suivi

Dès l’origine, un réseau de repères en bois a été mis en place sur les hautes plages du département de la Manche, au droit de 156 stations réparties sur 55 communes littorales, afin de mesurer :

  • l’évolution altimétrique des plages à partir de la comparaison de profils de plage et de mesures de variations ponctuelles du niveau de sable à la base des bornes placées sur les hautes plages
  • l’évolution planimétrique du trait de côte matérialisé, en fonction de la tendance évolutive, par une limite de la végétation vivace ou une microfalaise dunaire d’érosion

Les finalités de l’observatoire

Le suivi de l’évolution du trait de côte manchois a plusieurs finalités :

  • Mesurer la vulnérabilité du littoral vis-à-vis des risques littoraux (érosion côtière et submersion marine)
  • Mieux prévoir les évolutions futures du trait de côte au regard des évolutions passées. Il convient notamment de suivre ces évolutions pour ajuster le degré de vulnérabilité de certaines zones menacées ou qui pourraient l’être dans le futur.
  • Suivre de manière objective les impacts (positifs ou négatifs) des ouvrages de protection
  • Affiner l’évolution du volume des stocks sédimentaires côtiers au regard des effets des tempêtes, et sachant que le stock sableux diminue régulièrement, avec la mise en évidence de pertes de matériaux vers l’intérieur des havres, au niveau des deltas de marée et des flèches sableuses
  • Ajuster les hypothèses d’évolution prévisionnelle du trait de côte
  • Lutter contre le scepticisme vis-à-vis des évolutions du littoral

Il constitue un outil d’aide à la décision essentiel pour les porteurs de projets de gestion du littoral.

Station SW18 (Denneville), le 15/04/1994
Station SW18 (Denneville), le 11/10/2007
Station SW18 (Denneville), le 18/10/2023

Les mesures

Le suivi de l’évolution du trait de côte et de l’évolution altimétrique du haut estran au pied des bornes servant de référence, s’effectue en parallèle du suivi du profil de la plage.

Deux à trois levés sont nécessaires annuellement pour apprécier les fluctuations saisonnières de l’évolution de la côte, mais aussi pour disposer d’une information suffisante pour analyser des tendances évolutives à l’échelle de plusieurs années. Ces levés sont réalisés préférentiellement après les marées de vives eaux, à l’automne et en sortie d’hiver, et peuvent être également menés en début d’été. En cas de tempêtes exceptionnelles, des levés ponctuels peuvent également être effectués pour en mesurer les impacts.

Le trait de côte est ainsi matérialisé, en fonction de la tendance évolutive (avancée ou recul), par une limite de la végétation vivace ou une microfalaise dunaire d’érosion.

  • De 1991 à septembre 2009, les mesures étaient réalisées par des moyens terrestres à l’aide de théodolithe ou d’un distancemètre optique pour les levés topographiques, mais également à l’aide d’un système de positionnement GPS de précision centimétrique pour un certain nombre de stations. Les profils suivis sont réalisés à marée basse pour couvrir une grande partie de l’estran, à l’aide d’un quad alors que les profils de dunes sont réalisés à pied.
  • De septembre 2009 à octobre 2021, le suivi de la topographie des plages et de l’évolution du trait de côte a été réalisé grâce à un avion équipé d’un LiDAR, à savoir un laser qui scanne le sol, calcule la position et l’altitude des points mesurés, et permet d’obtenir une vision en trois dimensions de la surface du sol. Des campagnes de mesures ont été réalisées par l’Université de Caen et les données LiDAR produites tous les 3 ans par le Réseau d’Observation du Littoral (ROL) de Normandie et des Hauts-de-France ont également été valorisées.
  • Depuis 2023, l’observation du littoral du département de la Manche repose sur la combinaison d’acquisitions de données par moyens terrestres sur l’ensemble des 156 stations, à l’aide d’un système de positionnement GPS de précision centimétrique, mais aussi par des moyens aéroportés sur une quinzaine de sites sensibles à l’érosion, à l’aide d’un drone équipé d’une caméra dotée de très hautes performances, destinée à la photogrammétrie et qui permet de reconstituer le relief d’une zone à partir de différents de points de vue.
A noter

Le Département contribue au Réseau d’Observation du Littoral (ROL) de Normandie et des Hauts-de-France qui assure le lien entre les différentes démarches sectorielles d’observation du littoral, aux échelles locales comme régionales.