Enjeux et vulnérabilité du littoral manchois aux risques littoraux

Enjeux et vulnérabilité du littoral manchois aux risques littoraux

Les risques littoraux doivent être considérés au regard des enjeux présents sur la bande côtière et de leur degré de vulnérabilité aux aléas côtiers. Dans le contexte du dérèglement climatique et de montée des eaux, l’exposition du littoral manchois à la submersion marine et au recul du trait de côte est bien documentée malgré une part d’incertitude importante.

Introduction sur les enjeux

Avec plus de 674 km de littoral et du fait des activités humaines qui s’y sont développés, le littoral manchois est exposé aux risques de submersion marine (36 000 ha de zones basses situées sous le niveau marin centennal) ou d’érosion et recul du trait de côte (un tiers des côtes naturelles du département qui reculent).

Avec la montée du niveau de la mer liée au dérèglement climatique, les phénomènes d’érosion côtière seront exacerbés et le linéaire côtier sera d’avantage exposé. Pour toutes les zones basses, les tempêtes et les franchissements par la mer seront probablement plus intenses et fréquents. Toutefois, l’intensité et la fréquence des tempêtes n’est pour le moment pas notable en Normandie .

Maison au bord de la falaise à Vauville (D. Daguier, Département de la Manche)
Camping de la Vanlée à Saint-Martin-de-Bréhal (D. Daguier, Département de la Manche)

Les enjeux humains renvoient aux menaces sur les vies humaines. Si le littoral manchois comporte de nombreuses côtes basses, notamment sur la côte ouest du Cotentin, et que les submersions marines peuvent causer des pertes humaines, peu d’évènements contemporains tragiques sont à déplorer sur le littoral manchois. Ce n’est évidemment pas le cas de la façade atlantique, où la tempête Xynthia en 2010 avait causé la mort de 59 personnes.

En cas de submersions marines, les dégâts sur les enjeux socio-économiques peuvent être considérables : endommagement ou destructions de biens (infrastructures, bâtiments, équipements publics, parkings, véhicules, bateaux, etc.), immobilisation d’outils de travail (zones industrielles, zones conchylicoles, hôtels, restaurants,), atteinte à l’emploi, etc. A titre d’exemple, plus de 1,5 milliards d’euros de dégâts ont été causés lors de la tempête Xynthia sur la façade atlantique.
Enfin consécutivement aux tempêtes, il faut également considérer les possibles dommages directs ou indirectes à l’environnement (pollutions, destructions d’habitat ou de faune et flore).

Enjeux exposés au risque de submersion en Normandie

En Normandie, la portion du territoire sujette au risque de submersion marine représente 1 000 km², soit 3,5 % de la superficie régionale.

Dans le département de la Manche, les territoires littoraux potentiellement confrontés au phénomène de submersion marine couvrent une superficie de 36 000 ha, à savoir la surface des zones basses situées sous l’actuel niveau marin centennal.

Avec la montée du niveau marin, les espaces vulnérables dans le département couvriront une superficie de :

  • 40 000 ha pour une élévation de 0,50 m
  • 44 000 ha pour une élévation de 1,10 m.

Dans le cadre de la stratégie régionale de gestion intégrée de la bande côtière « Littoraux normands 2027 », l’INSEE a réalisé en décembre 2020, une étude qui apporte des éléments d’appréciation des enjeux démographiques et économiques concernés par l’aléa de submersion marine.

En Normandie, plus de 111 000 logements, 122 000 résidents et 54 000 emplois sont menacés par le seul risque de submersion marine.
Dans le département de la Manche, ce sont 19 000 logements et 3 400 bâtiments industriels ou commerciaux qui sont menacés.

En savoir + : Étude de l’INSEE sur les enjeux concernés par le risque de submersion marine en Normandie (déc. 2020)

Enjeux exposés au recul du trait de côte à court, moyen et long terme

Sous l’égide du Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (MTECT), le Cerema a réalisé une série d’études pour mieux appréhender le recul du trait de côte d’ici la fin du siècle à l’échelle de l’hexagone et des DROM. Trois échéances sont considérées : à court terme (2028), à moyen terme (2050) et à long terme (2100). Les résultats sont également accessibles à l’échelle du département de la Manche et de la Région Normandie.

Contexte des études

Les études réalisées par le Cerema permettent de mieux appréhender l’érosion côtière à l’échelle nationale. Si les chiffres présentés pour le département de la Manche et la région Normandie paraissent précis, les résultats ne peuvent être interprétés qu’à l’échelle nationale. Ils doivent être considérés comme des ordres de grandeur et des tendances et ne sont donc pas pertinents à l’échelle infra-départementale.
Les résultats n’ont donc pas à se substituer aux connaissances en région, notamment les travaux en cours par certaines collectivités, de cartographies locales d’exposition à l’érosion côtière et au recul du trait de côte.

Résultats des études

1. A court terme (2028) – Scénario probable

Ce scénario probable ne signifie pas que tous les bâtiments partiront à la mer, mais il liste ceux qui sont proches de zones en recul ou instables.

Département de la Manche

22 bâtiments menacés, dont 5 maisons, pour une valeur vénale de 0,7M€

Normandie

121 bâtiments menacés dont 63 maisons et 12 appartements, pour une valeur vénale de 10,1M€

France (métropole et DROM)

1 000 bâtiments menacés, principalement des bâtiments résidentiels (300) et commerciaux (190), pour une valeur vénale d’environ 235 M€

2. A moyen terme (2050) – Scénario tendanciel

Ce scénario intègre la poursuite tendancielle du recul du trait de côte et repose sur le maintien en place et l’entretien de tous les ouvrages de protection du littoral.

Département de la Manche

309 logements menacés, dont 117 résidences principales et 156 résidences secondaires, pour une valeur vénale de 42,6M€

48 locaux d’activités concernés pour une valeur vénale de 0,7M€

Normandie

482 logements menacés dont 183 résidences principales et 236 résidences secondaires, pour une valeur vénale de 64,4M€

71 locaux d’activités concernés pour une valeur vénale de 1,17M€

France (métropole et DROM)

5 200 logements menacés, dont environ 2 000 résidences principales et 2 000 résidences secondaires, pour une valeur vénale estimée à 1,1 Md€

1 400 locaux d’activité concernés pour une valeur vénale estimée à 120 M€

3. A long terme (2100) – Scénario d’inaction

Ce scénario d’inaction prend pour hypothèse une disparition complète des structures de défense côtière et l’ennoiement progressif de toutes les zones basses du littoral). A cette échéance, le Cerema se base sur une estimation haute du GIEC et retient une hausse possible de 1m du niveau des mers et des océans.

Département de la Manche

18 750 logements menacés dont 11 900 résidences principales et 4 460 résidences secondaires, pour une valeur vénale de 3 Md€

2 140 locaux d’activités menacés pour une valeur vénale de 270,5M€

On dénombre également 167 km de routes et 10 km de voies ferrées qui pourraient être impactés si rien n’est fait

Normandie

80 000 logements menacés dont 50 300 résidences principales et 18 440 résidences secondaires, pour une valeur vénale de 12,10 Md€

10 520 locaux d’activités menacés pour une valeur vénale de 1,7Md€

On dénombre également 282 km de routes et 61 km de voies ferrées qui pourraient être impactés si rien n’est fait

France (métropole et DROM)

450 000 logements menacés pour une valeur vénale de 86 Md€

55 000 locaux d’activités menacés pour une valeur vénale de 8 Md€

On dénombre également 10 000 bâtiments publics, 1 800 km de routes et 240 km de voies ferrées qui pourraient être impactés si rien n’est fait

A noter

Le Cerema a également produit une étude régionale dans le cadre de la stratégie régionale de gestion intégrée de la bande côtière « Littoraux normands 2027 », portant sur l’analyse des effets de l’érosion côtière et de la submersion marine sur le littoral normand aux horizons 2050, 2120 et 2300, incluant l’élévation du niveau de la mer liée au changement climatique. Dans ce cadre les enjeux exposés ont été évalués.

La méthodologie et l’échelle d’analyse étant différentes, les résultats de cette étude régionale du Cerema diffèrent de ceux des études nationales.

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