L’érosion côtière

Qu’est-ce que l’érosion côtière?

L’érosion côtière est la perte progressive de sédiments le long du littoral. Il s’agit d’un phénomène naturel inévitable affectant tous les types de côtes et qui tend à s’accélérer avec le dérèglement climatique.

Si les côtes rocheuses ne peuvent que reculer, les côtes dites « d’accumulation » (plages, dunes, cordon de galets, vasière) peuvent perdre ou gagner des sédiments. En cas de gain, on parle d’accrétion (le trait de côte se déplace côté mer). Au contraire, en cas de perte, on parle d’érosion (le trait de côte se déplace côté terre).

L’érosion côtière peut ainsi se traduire par un recul du trait de côte voire un abaissement du niveau des plages, temporaire(s) ou permanent(s).

Plusieurs facteurs naturels contribuent à cette érosion côtière :

  • Les vagues, les marées et les courants marins exercent une pression constante sur le littoral, provoquant l’érosion des plages, des falaises et d’autres formations côtières.
  • Les tempêtes peuvent accélérer l’érosion du trait de côte en générant des vagues puissantes, des vents violents et des surcotes marines.

Les aménagements et ouvrages côtiers et certaines activités humaines, conjugués aux effets du dérèglement climatique, accentuent ce phénomène :

  • L’élévation du niveau de la mer et l’augmentation des tempêtes (intensité et fréquence), conséquences du dérèglement climatique, aggravent l’érosion côtière en renforçant la force des vagues sur le littoral
  • La surfréquentation ou l’artificialisation des écosystèmes côtiers, telles que les dunes, affaiblit leur rôle de barrière naturelle contre l’érosion
  • L’aménagement du littoral et en particulier les ouvrages côtiers (enrochements, épis…) permettent de maîtriser l’érosion localement et temporairement, mais ils ont généralement des effets négatifs sur les côtes voisines.
  • L’extraction de sable ou de granulats dans les rivières peut perturber l’équilibre naturel des plages et accélérer l’érosion.
  • Etc.
Au niveau national

(CEREMA, 2018)

  • 18,6% du trait de côte est en recul soit un linéaire d’environ 920 km (hors Guyane), contre 69,7% qui sont stables et 11,7% qui avancent
  • 30 km² de terre perdue en 50 ans au niveau des secteurs en recul
  • 37 % des côtes basses sableuses reculent (environ 700 km), quand 23% avancent et 40% sont stables.
  • Seulement 6% des falaises et côtes rocheuses reculent. Alors qu’elles représentent 54% du linéaire total étudié.

Aujourd’hui, avec l’accélération prévisible du recul du trait de côte en raison du dérèglement climatique, comprendre la dynamique côtière pour mieux anticiper et s’adapter à ce phénomène naturel inévitable, constitue un véritable défi pour les territoires côtiers. Les collectivités littorales sont ainsi appelées à mettre en œuvre différents modes de gestion et à élaborer des stratégies d’adaptation pour gérer le recul du trait de côte.

L’érosion côtière dans la Manche

Afin d’identifier les risques pour le territoire manchois, plusieurs études et outils existent pour comprendre la mobilité du trait de côte et mieux gérer son recul, comme :

  • l’observatoire départemental du trait de côte
  • l’indicateur national de l’érosion côtière (INEC)
  • l’analyse de l’évolution de la position du trait de côte

L’indicateur national de l’érosion côtière (INEC) a notamment été mis au point pour rendre compte des tendances d’évolution passées du trait de côte, à partir d’une analyse d’images aériennes éloignées de plusieurs décennies.

Cet indicateur atteste que le recul du trait de côte affecte l’ensemble des départements français et que l’évolution du trait de côte est très marquée selon la nature de leurs côtes.

L’évolution du trait de côte dans la Manche entre 1947 et 2010 (©Département de la Manche)
Quelques chiffres

Dans la Manche, les résultats sont les suivants :

  • 35% du trait de côte étudié reculent (contre 18,6% au niveau national)
  • 2,1 km² de terre ont disparus en 50 ans
  • L’ouest cotentin concentre la majorité des sites sensibles à l’érosion côtière et au recul du trait de côte

A quoi s’attendre d’ici 2050 et 2100 ?

Avec une élévation du niveau marin à horizon 30 ans (+50cm) et 100 ans (+120cm), ce phénomène d’érosion va s’accélérer sur les côtes déjà sensibles.
Les côtes basses meubles seront susceptibles de subir plus régulièrement des submersions à cause de l’érosion des dunes.
Les linéaires côtiers actuellement protégés par des ouvrages longitudinaux ne pourront pas tous s’adapter, les plages disparaitront au droit des ouvrages, Cette disparition renforcera la pression des forces marines sur les ouvrages et donc des submersions.
Des études réalisées par le Cerema permettent de mieux appréhender aux échelles nationale et régionale, les effets de l’érosion côtière à court, moyen et long terme, incluant l’élévation du niveau de la mer liée au changement climatique. Elles sont reprises dans la partie consacrée aux enjeux et à la vulnérabilité du littoral manchois aux risques littoraux.

Vers une cartographie locale de l’évolution du trait de côte à horizon 30 ans et 100 ans

Pour permettre aux territoires littoraux de s’adapter au contexte du changement climatique et à l’érosion côtière, la loi « climat et résilience » du 22 août 2021 charge les collectivités locales qui ont fait la démarche d’intégrer la liste nationale des communes concernées par l’érosion côtière, d’identifier dans leurs documents d’urbanisme, les zones d’exposition au recul du trait de côtes d’ici 30 et 100 ans.

Selon le dernier décret en vigueur (Décret n° 2024-531 du 10 juin 2024), 44 communes manchoises sont inscrites sur la liste nationale des communes dont l’action en matière d’urbanisme et la politique d’aménagement doivent être adaptées aux phénomènes hydrosédimentaires entraînant l’érosion du littoral, comprend :

Agon-Coutainville
Barfleur
Barneville-Carteret
La Hague
Blainville-sur-Mer
Jullouville
Bréhal
Bretteville
Bréville-sur-Mer
Bricqueville-sur-Mer
Carolles
Céaux
Champeaux
Cherbourg-en-Cotentin
Vicq-sur-Mer
Coudeville-sur-Mer
Digosville
Donville-les-Bains
Dragey-Ronthon
Fermanville
Fontenay-sur-Mer
Gatteville-le-Phare

Genêts
Gouville-sur-Mer
Granville
Héauville
Lestre
Tourneville-sur-Mer
Maupertus-sur-Mer
Les Moitiers-d’Allonne
Montfarville
Montmartin-sur-Mer
Les Pieux
Port-Bail-sur-Mer
Réville
Le Rozel
Saint-Georges-de-la-Rivière
Saint-Jean-de-la-Rivière
Saint-Jean-le-Thomas
Saint-Marcouf
Saint-Pair-sur-Mer
Siouville-Hague
Surtainville
Tréauville

Communes manchoises inscrite sur la liste du décret n°2024-531 du 10/06/2024 (©Département de la Manche)

La production de cartes locales qui identifient les zones exposées au recul du trait de côte aux horizons 30 et 100 ans est actuellement en cours sur une partie de ces territoires. Cette mission incombe aux communauté de communes ou d’agglomération, au titre de leur compétence « aménagement du territoire ».

En attendant ces cartographies et leur intégration dans les documents locaux d’urbanisme, plusieurs outils d’informations existent, parmi lesquels :