Évolution géologique du littoral manchois

Évolution géologique du littoral manchois

La morphologie du littoral a subi de très fortes transformations au cours des temps géologiques, au rythme des variations climatiques et donc du niveau marin. Plus élevé d’environ 6 mètres il y a 120 000 ans et plus bas de 120 mètres il y a 20 000 ans, ces fluctuations des niveaux marin, entre période glaciaire et interglaciaire, ont fortement contribué à façonner les paysages côtiers que l’on connait aujourd’hui.

Il y a 120 000 ans

Il y a 120 000 ans, lors de l’épisode interglaciaire de l’Éémien, le niveau marin est plus élevé d’environ 6 à 9 mètres qu’aujourd’hui. Le trait de côte de l’époque est encore visible sur le territoire de la Manche, où l’on peut distinguer une paléo-falaise ou falaise fossile. Elle est encore repérable morphologiquement, bien que les Manchois la devinent plus qu’ils ne la connaissent.

A noter

Alors que le territoire de la Manche est encore aujourd’hui dessiné par une paléo-falaise, nos ancêtres se sont installés au cours du dernier millénaire, au-dessus de cette falaise pour être protégés des risques liés à la mer : les tempêtes et les ennemis.

La falaise du cap Lévi, haute de 1,5 à 3 m, présente les vestiges d’une plage perchée formée de sédiments marins datant de l’Éémien (il y a 120 000 ans) qui témoignent des fortes variations climatiques et du niveau marin.

Il y a 20 000 ans

Carte : © ROLNHDF, d’après S. Coutterand
Estimation de la situation de l’Europe au maximum glaciaire du Würm (-20 000 ans BP)

Il y a 20 000 ans, le niveau marin est 120 m plus bas qu’aujourd’hui.

La Terre connaissait alors un maximum glaciaire et d’énormes calottes de glace recouvraient le nord de l’Europe (jusqu’à 3 km d’épaisseur). Elles libéraient des eaux de fonte drainées par de grands fleuves (Seine, Somme, Tamise, Rhin, etc.) en direction de l’océan.

La paléo-Manche, aujourd’hui disparue, n’était alors qu’un fleuve.

La dernière déglaciation s’est alors amorcée il y a 19 000 ans suite à un réchauffement climatique d’origine naturelle. Une grande transgression marine (Flandrienne) s’est alors produite, c’est-à-dire une avancée du trait de côte sur le continent, provoquée par une élévation du niveau de la mer.

La disparition définitive des inlandsis sur le nord de l’Europe a provoqué une montée du niveau de la mer d’environ 120 m, soit une vitesse de 10 m par millénaire.

Variations du niveau marin et du trait de côte

Variations du niveau marin depuis 120 000 ans (©Département de la Manche)
© F. Levoy, 2018
Évolution de la ligne du rivage supposée du Cotentin de -10 000 ans BP à aujourd’hui