Le littoral normand face au dérèglement climatique

Le littoral normand face au dérèglement climatique

Dérèglement climatique et montée des eaux

La dernière déglaciation

Le littoral actuel est façonné depuis des millénaires par des modifications du climat.

Cette évolution géologique du littoral manchois a été marquée par l’alternance de périodes glaciaires et interglaciaires, laquelle a entrainé d’importantes variations du niveau de la mer : lors de la dernière glaciation, il y a 20 000 ans, le niveau de la mer était environ 120 mètres plus bas que le niveau actuel et seul un fleuve séparait la Manche de l’Angleterre.

Amorcée il y a 19 000 ans, la hausse du niveau marin s’est stabilisée au cours des 3 000 dernières années, avec une élévation inférieure à 0,5 mm/an.

Les effets du dérèglement climatique

Avec le dérèglement climatique, on constate mondialement depuis le XXème siècle, une forte accélération de l’augmentation du niveau de la mer :

  • +1,8 mm/an en moyenne entre 1900 et 2009
  • +3,4 mm/an en moyenne entre 1993 et 2011
  • +5 mm/an entre 2011 et 2018.

En Normandie, selon le Giec Normand, cette élévation est légèrement plus faible, mais atteint tout de même (en moyenne) près de 3 mm/an. Le niveau moyen de la mer a ainsi augmenté de 20cm en 100 ans.

Cette hausse pourrait encore s’accentuer pour atteindre +1,1m à +1,8m à l’horizon 2100, si nous ne pouvons maintenir le réchauffement climatique en dessous de +4°C.

Pourquoi le niveau de la mer monte?

L’élévation du niveau de la mer est la conséquence de trois facteurs principaux, tous liés au dérèglement climatique :

  • La dilatation thermique des océans : quand l’eau se réchauffe, son volume augmente. Les eaux réchauffées prennent plus de place et sont responsables pour moitié de l’élévation du niveau des mers constaté ces 25 dernières années.
  • La fonte des glaciers : les températures toujours plus hautes dues aux dérèglements climatiques entrainent une fonte estivale supérieure à la moyenne et la neige ne tombe plus qu’en fin d’hiver et au début du printemps. Ce déséquilibre entraine une élévation du niveau de la mer.
  • La fonte des calottes glaciaires : comme pour les glaciers, l’augmentation des températures fait fondre plus vite les calottes glaciaires qui couvrent le Groenland et l’Antarctique.

Alors que le dérèglement climatique tend également à augmenter le nombre et l’intensité des tempêtes au niveau mondial, ce phénomène n’est pas encore observé sur le littoral normand.

Toutefois, la simple élévation du niveau de la mer n’est pas sans conséquence pour les habitats côtiers normands : submersion par franchissement, érosion, inondations, salinisation des nappes phréatiques et des terres agricoles… Autant d’aléas majeurs qui se voient intensifiés par le dérèglement climatique.


Et cette augmentation ne va pas s’arrêter… Selon le dernier rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), le niveau de la mer continue de monter à un rythme accru par rapport au passé. Le GIEC avertit que si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites de manière significative, le niveau de la mer continuera à augmenter menaçant les zones côtières du monde entier avec des conséquences désastreuses pour les populations, les écosystèmes et les infrastructures cruciales comme les systèmes d’approvisionnement en eau, les réseaux d’assainissement, les routes, les ports et les bâtiments, etc.

Le département de la Manche face à la montée des eaux

Érosion, inondations, salinisation des sols… le dérèglement climatique est déjà une réalité en Normandie.

Avec ses zones topographiquement basses, ses côtes sableuses et son urbanisation toujours croissante, le littoral de la Manche est particulièrement exposé aux risques littoraux et le sera de plus en plus à l’avenir.

Cette menace soulève de nombreuses questions concernant la vulnérabilité des habitants, la perte d’habitats naturels et de terres agricoles, les impacts économiques, etc.


Pour anticiper ces changements majeurs en cours, il est essentiel de définir des stratégies d’adaptation pour renforcer la résilience des zones littorales.

Cela implique des efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et la mise en œuvre de mesures d’adaptation locales.

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